parole à José Bové

Publié le par Arnaud

La Dépêche.fr

Publié le 09/12/2008 Propos recueillis par Philippe Ferrand
José Bové veut entrer au parlement européen

Rencontre. José Bové sera candidat du rassemblement Europe-écologie aux côtés de Daniel Cohn-Bendit et Nicolas Hulot.

Depuis quelques mois on évoque votre candidature aux élections européennes avec le rassemblement Europe-écologie. Avez-vous dépassé le stade de l'intention ?

Oui, je suis candidat. Mais la campagne n'a pas encore vraiment commencé. Nous sommes en train de finaliser les listes, il y en a sept en France et une dans les dom-tom. Ce que je peux dire c'est que je suis fortement pressenti pour prendre la tête de la liste grand sud-ouest qui recouvre l'Aquitaine, Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon, mais pour l'instant il n'y a rien d'officiel.

C'est quoi Europe-écologie ?

C'est un rassemblement de trois composantes, l'écologie politique, avec les Verts, des gens issus des associations et la troisième composante issue du mouvement social lié à l'écologie. Europe-écologie est là pour dire qu'il y a urgence face aux crises, qu'elles soient écologique, financière, sociale ou alimentaire, la solution passe par la remise en cause du modèle de production et de consommation. On est sur une planète finie dont les ressources s'amenuisent, c'est une donnée fondamentale qu'il faudra intégrer à l'avenir.

C'est un peu hétéroclite ?

On peut le dire mais l'idée ce n'est pas de réunir des mouvements mais des gens issus de ces mouvements. Il y a des membres de la fondation Hulot, de Greenpeace, de France nature environnement, etc. L'originalité c'est de réunir des gens qui ont porté des combats de manières différentes mais qui se retrouvent et sont en cohérence sur l'ensemble des engagements que propose le rassemblement.

Quel est le programme du rassemblement ?

Aujourd'hui on ne peut pas parler de véritable programme, on travaille encore dessus. En revanche il y a le manifeste (voir ci-contre) du rassemblement qui précise clairement que l'écologie est incompatible avec le libéralisme. Cette remise en cause du modèle économique est pour moi le point central qui m'a poussé à aller plus en avant dans ce mouvement.

Après la lutte sur le terrain, la lutte au parlement ?

Il est clair que le parlement européen est un lieu de débat démocratique mais c'est aussi un contre-pouvoir, notamment face à la commission européenne qui est d'inspiration libéral, une des premières choses que l'on fera ce sera de demander la censure de la commission Barosso.

Il y a plusieurs manières de porter un combat entre les mouvements sociaux ou les syndicats, l'enjeu de cette élection c'est de l'amener dans l'enceinte institutionnelle. On se battra sur les questions de services publiques, sur la politique agricole après 2013.

Tant qu'on restera dans les cadres de l'OMC (Organisation mondiale du commerce N.D.L.R.) on n'aura pas d'agriculture qui préservera la qualité et qui permettra à des paysans de rester paysans.

Ce sont donc des luttes qu'il faut mener aussi au niveau international, sur le rôle de l'OMC comme on vient de le voir mais aussi sur le rôle du FMI sans oublier la remise en cause de l'ONU, c'est un lieu de domination mondial. Tout est lié.

La crise économique peut-elle favoriser l'émergence de vos solutions politiques ?

Elle permet une prise de conscience, mais c'est à nous de construire des alternatives, comme la souveraineté alimentaire qui doit être un droit politique. On voit bien que le libéralisme reste d'actualité ainsi Sarkozy est dans un double discours permanent, le plan de relance est à l'envers du Grenelle de l'environnement, les grands travaux sont des solutions à courte vue qui ne font plaisir qu'au patron d'Eiffage.

Quel est le combat fondamental de José Bové ?

C'est la formule d'un vieux compagnon de lutte, Evo Morales, président de Bolivie : « On se bat pour vivre bien, en harmonie avec la nature et avec les gens autour de soi, si on n'exploite la nature et les autres on ne peut pas construire d'alternative ».

Publié dans europe

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