"Quels que soient vos efforts, voilà la facture"

Publié le par Arnaud

Ça va mieux en le disant
 

 

Faire payer l'incinération sans prendre en charge les efforts des habitants pour produire moins de déchets, ce n'est pas très "Grenelle" selon Thierry Willaey, qui s'interroge aussi sur l'état des 70 000 tonnes de boues transférées à Aire-sur-la

Bientôt, les déchets non recyclables de 289 585 habitants de l'Audomarois et des Flandres seront éliminés par l'incinérateur Flamoval.


À projet conséquent, budget conséquent. Celui-ci était débattu récemment par les représentants des trois structures intercommunales initiatrices de Flamoval.

En 2009, fonctionnement et investissement confondus, le projet d'incinérateur a mobilisé trois millions deux cent huit mille euros. Les comptes ont été clos sur un excédent de deux cent quatre-vingt-dix mille huit cents euros. En 2010, le budget devra s'équilibrer à quatre-vingt-huit millions sept cent soixante-dix-sept mille euros.

Néanmoins le syndicat mixte Flandres-Morinie n'augmentera pas en 2010 la participation par habitant réclamée aux collectivités, soit 4,94 euros par habitant. Soit un million trois cent cinquante-cinq mille euros.

Représentant du SMICTOM (Syndicat mixte de collecte et de traitement des ordures ménagères) des Flandres, Thierry Wilaey - connu pour son opposition au principe d'incinération - signale que la participation calculée sur le nombre d'habitants lui semble en décalage avec les préconisations du Grenelle de l'environnement : "Alors que le Grenelle incite chacun à réduire son volume de déchets, nous sommes en train de dire aux gens : "Quels que soient vos efforts, voilà la facture". Comment une collectivité peut-elle réussir une démarche incitative dans ces conditions ?
Il y a pour moi un problème de cohérence".

Réponse du président du syndicat mixte Flandres-Morinie Joël Duquenoy : "Nous travaillons à la réduction des tonnages de déchets. Déjà six mille composteurs ont été distribués sur le territoire de la CASO. Nous avons fait de gros efforts de communication sur ce sujet. La CASO a d'ailleurs reçu le prix Qualitri, qui n'a été remis qu'à cinq intercommunalités en France. La participation demandée à l'habitant en fonction des tonnages sera étudiée à terme ".

André Bonnier, ex-président du SMFM poursuit : "Cette redevance par habitant correspond au temps de la construction de l'incinérateur. Après, nous passerons à une redevance au prorata des tonnages incinérés. Chaque intercommunalité pourra mener sa politique incitative". "Toutefois, nuance Didier Tiberghien, si l'investissement est ce qu'il est, incompressible, il y aura aussi une part de fonctionnement à supporter. La redevance comprendra donc une part fixe, correspondant au fonctionnement de Flamoval, et une part variable correspondant aux tonnages incinérés". Pas convaincu, Thierry Willaey maintient que ce choix de mode de redevance est injuste.

À propos d'une délibération sur l'acquisition du terrain, Thierry Willaey est revenu sur les déboires rencontrés récemment. Pour mémoire, le blockhaus et le fait que les boues accumulées par les Voies navigables de France sur le site ne pouvaient servir de remblai et devaient donc être déplacées.
Ces deux événements ont entraîné un surcoût d'un million six cent quarante-cinq mille sept cents euros, dont plus d'un million a été pris en charge par la seule communauté d'agglomération de Saint-Omer. "La surprise a été de taille, commente Thierry Willaey qui estime qu'il est peu évident que ces boues ne contiennent aucun polluant. L'analyse de Ramery, - que je vous remercie d'avoir bien voulu me transmettre - ne porte que sur la couche supérieure de ces boues. Il manque, pour être sûr, une analyse du fond. D'autant que la carrière qui doit accueillir ces boues n'est pas habilitée à recevoir des boues polluées".

"Nous avons eu l'avis de la DREAL (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), lui répond Joël Duquenoy.
Il n'y a aucun souci".  Un avis donné par téléphone, est-il précisé à Thierry Willaey qui semble en rester baba. Tout comme Bernard Loridan, du SMIRTOM, qui fait savoir qu'un avis donné par téléphone ne suffit pas à sa conviction.

Déjà soixante-deux mille des soixante-dix mille tonnes de boues concernées ont déjà été transférées, souligne Joël Duquenoy. Elles l'ont été à Aire-sur-la-Lys, selon une précédente délibération du SMFM.
Grégory Faucquez

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