la voix des migrants

Publié le par Arnaud

La Voix du Nord - Edition du mercredi 23 janvier 2008
MIGRANTS

La députée européenne Hélène Flautre dans les « Jungle » du Dunkerquois

Interdite de visite la semaine dernière aux centres de rétention de Lesquin et de Coquelles, la députée européenne Hélène Flautre (Verts) est venue lundi dans le Dunkerquois. Objectif : rencontrer les migrants localisés à Grande-Synthe et à Loon-Plage, ainsi que les associatifs impliqués, au niveau local, dans le dossier des sans-papiers.
Après une visite de deux heures sur le terrain, Hélène Flautre, qui est en charge de la sous-commission des Droits de l’homme au parlement européen, s’est rendue au local du Carrefour des solidarités, à Dunkerque (1). Son premier constat : « Ce que j’ai vu ici me fait penser à ce que l’on appelle "The Jungle" à Calais : des cabanes de fortune situées à proximité de fourrés où logent des errants que l’on rejette d’un pays à l’autre, témoigne l’élue. Aujourd’hui, nous sommes face à une situation qui se banalise. Il n’existe aucun local d’accueil assumé par les pouvoirs publics qui permettrait pourtant aux migrants d’être informés sur leurs droits, comme le prévoit le dispositif initié dans le cadre de la convention de Dublin », déplore Hélène Flautre, qui vient notamment d’envoyer une pétition au garde des Sceaux, Rachida Dati.

 
« La misère la plus totale » Principalement originaires des pays du Moyen-Orient, les migrants fuient un contexte de guerre civile et de terreur. « Pourquoi choisissent-ils de se rendre en Grande-Bretagne ? Soit parce qu’ils en partagent déjà la langue ou qu’ils ont des amis ou de la famille sur place ; soit parce qu’ils y trouvent des fréquences de travail plus régulières ; soit, enfin, parce qu’ils sont moins sujets aux contrôles policiers », explique Hélène Flautre.
Seulement voilà. Lorsque les migrants se retrouvent bloqués aux portes de l’eldorado anglais, ils n’ont d’autres solutions que de loger dans des campements de fortune. « Je suis sur le terrain tous les jours. Ces gens sont dans la misère la plus totale et vivent dans des conditions sanitaires déplorables », témoigne Samuel, 38 ans, bénévole au sein de l’association Salam (qui fait partie du réseau associatif du Carrefour des solidarités, NDLR).
Et d’ajouter : « On leur apporte à manger, on les écoute ; bref, on leur apporte ce que l’on peut. Cela n’est pas facile, comme par exemple trouver des tentes. Aider ces gens, ce ne devrait pourtant pas être aussi difficile. En fait, il suffit d’être humain, d’avoir un coeur, ce n’est pas plus compliqué que cela ».
« Dans le Dunkerquois, les migrants étaient quarante il y a un an. Aujourd’hui, ils sont près de deux cents. Ce que nous réclamons, c’est un local pour les héberger afin qu’ils puissent avoir des conditions de vie décente, enchaîne Thérèse Caulier, animatrice au Carrefour des solidarité.
Leur situation est déplorable : quand vous pensez que les médecins qui viennent les examiner sont obligés de faire leurs consultations dans une voiture ou dans les dunes ! C’est inacceptable. » Et Thérèse Caulier d’ajouter : « Aujourd’hui, une bonne dizaine de bénévoles se disent prêts à s’investir dans le fonctionnement d’un local ». • OL. D.

 > Le Carrefour des solidarités est le réseau dunkerquois des associations et institutions sociales, caritatives et humanitaires. Lieu de convivialité et d’échanges, il permet de rechercher des solutions nouvelles, face à la pauvreté et la précarité et de les faire émerger.


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